Bébé ne mange plus ! Néophobie, refus et sélection des aliments…
Votre enfant mangeait très bien, goûtait à tout, et voilà qu’approchant des 2 ans, il se met à repousser son assiette ? Il trie son repas, sélectionne les aliments, et réclame son dessert sans avoir même goûté son plat ? Il n’accepte de manger aucun légume ? Il ne veut que des pâtes, du pain ou du riz ?
C’est normal ! Vers 2 ans, de nombreux enfants entrent dans une période de néophobie alimentaire, ou de sélectivité alimentaire, et deviennent plus « difficiles » à table. C’est un phénomène courant chez les bambins, qui touche environ deux tiers d’entre eux entre 2 et 3 ans. Ces difficultés, passagères ou prolongées, se caractérisent par une aversion pour les nouveaux aliments ou une réduction de leur panel alimentaire. Cela peut être un obstacle pour les parents qui essaient d’offrir une alimentation équilibrée à leurs enfants, en particulier si ces derniers refusent de manger des aliments sains et nutritifs, comme les légumes !
Pourquoi mon enfant ne mange plus ?
Il est important de comprendre que la néophobie alimentaire est un comportement normal chez les enfants, en particulier chez les plus jeunes. Cela peut être lié à leur nature prudente, à leur besoin de se sentir en sécurité, et à une affirmation de soi et de ses préférences. En outre, le goût et les textures des aliments peuvent être étranges pour les enfants, car inconnues, ce qui peut les inciter à les refuser.
C’est pour cela qu’offrir une grande variété d’aliments et de textures lors de la diversification alimentaire est très important ! Pendant cette période favorable à la découverte, entre 6 mois et 2 ans, les bébés se familiarisent avec cette diversité de goûts et de sensations. Ils ont ainsi moins de chance d’être surpris par la nouveauté quand ils entrent dans cette période de néophobie alimentaire. Leurs difficultés alimentaires seront alors peut-être atténuées, ou dureront moins longtemps.
Malheureusement, même si vous avez tout fait parfaitement, ce n’est pas parce que vous avez permis à votre enfant de goûter de tout, qu’il ne passera pas par une période de néophobie ou de sélectivité, au moins de façon passagère. Alors comment faire s’il se met à refuser de manger ?
Comment aider mon enfant à manger des légumes ?
Il existe plusieurs stratégies que vous, parents, pouvez utiliser pour aider votre enfant à surmonter ses refus alimentaires.
Montrez l’exemple
Tout d’abord, il est important de donner l’exemple en mangeant des aliments variés et en montrant à votre enfant que les nouveaux aliments peuvent être agréables à manger. Mettez l’accent sur le plaisir à table !
Pour cela, aussi souvent que possible, prenez le repas en famille : installez-vous à table tous ensemble, et mangez le même plat. Montrez à votre enfant que vous appréciez le plat, que vous mangez des légumes avec plaisir. Laissez-le goûter ce qu’il y a dans votre assiette, même si c’est la même chose que dans la sienne ! N’hésitez pas, aussi, à placer le plat au centre de la table, et le laisser se servir.
Vous favorisez ainsi une ambiance de partage en famille, avec un sentiment d’inclusion. Vous permettez à votre enfant de le rendre acteur de son repas. C’est aussi la période du « moi tout seul », à ne pas négliger ! 😉
Continuez à proposer, en petite quantité
Ensuite, il est utile de continuer à proposer les aliments refusés : c’est la répétition de l’exposition qui va permettre à votre enfant de se familiariser avec l’aliment, pour l’intégrer dans son panel des « aliments connus », et l’amener à le goûter.
Proposez des petites portions du nouvel aliment, en le proposant avec des aliments que l’enfant aime déjà (ex : des pâtes ou du pain). C’est un aliment « copain », qui l’aidera a recevoir une impression positive sur son assiette. Vous pouvez aussi présenter les aliments bien séparés, non mélangés, pour lui éviter de trier. Et le rassurer sur le fait qu’il pourra manger son aliment copain sans être obligé de manger ce qu’il n’aime pas !
Aidez votre enfant à catégoriser les aliments
Un aliment peut être nouveau par sa nature (ex : carotte vs épinards) ou par sa forme (ex : en rondelle vs en bâtonnet). C’est donc normal si votre enfant, qui adore les carottes vapeur en rondelles, soit plus réticent à les goûter dans un gratin ou dans un risotto, par exemple. Essayez de toujours bien nommer les aliments, faire le lien avec un repas précédent, lui montrer les légumes bruts, afin qu’il puisse créer son petit « catalogue alimentaire« , qui l’aidera à accepter les aliments !
N’hésitez pas à varier la forme des aliments proposés, pour compléter ce petit catalogue. Par exemple, proposez la carotte : en purée, en dés, en sauce, en bâtonnets, en gaufres, en pancakes, râpées, etc.
S’il refuse son plat, vous pouvez aussi tenter de changer la présentation de son assiette. Si vous aviez fait des pancakes aux carottes, et qu’il n’en veut pas, essayez de les couper en petits morceaux. Si vous aviez fait des carottes en morceaux, tentez d’en écraser une partie en purée. Et même si on vous a toujours dit qu’on ne joue pas avec la nourriture, laissez-le explorer et jouer avec ! Pour se familiariser avec les aliments présents dans son assiette.
Essayez aussi de l’aider à verbaliser ses sensations : Est-ce que c’est dur ou c’est mou ? C’est acide avec le citron ? Ça fait du bruit dans les oreilles quand tu croques, ça croustille ? Tu aimes ce fruit, quand il est bien juteux ?
Vous pourrez ainsi l’aider à faire une association avec un aliment qu’il a déjà mangé. Pour l’encourager à goûter l’aliment nouveau : « La mangue, c’est juteux et mou comme la poire, mais c’est aussi très sucré, je pense que tu vas aimer ! »
Cuisinez avec lui !
Il peut également être utile de faire participer votre enfant à la préparation des repas. Par exemple, en lui demandant de choisir des ingrédients ou de vous aider à les couper. Cela peut l’encourager à essayer de nouveaux aliments et à les apprécier davantage.
Vous assister en cuisine complète aussi son petit catalogue, en découvrant l’aspect et le toucher des légumes bruts, avant d’être cuisinés.
Votre enfant peut surtout être fier de participer. Il a coupé les légumes, les a transvasés dans la poêle, vous a aidé à touiller pendant la cuisson, etc. Et il aura grand plaisir à manger (et vous voir manger) le plat final, en disant « c’est moi qui l’ai fait ! ».
Encouragez sans forcer
S’il est important de continuer à présenter les aliments refusés, il est également recommandé de ne pas forcer l’enfant à manger des aliments qu’il n’aime pas. Car cela pourrait renforcer son aversion pour ces aliments ! On peut donc encourager l’enfant, féliciter l’effort de goûter, ou trouver des stratégies ludiques pour inciter son enfant à manger. Mais les menaces et autres comportements négatifs se révèlent plutôt néfastes pour l’acceptation des aliments. Ils peuvent même engendrer des associations négatives durables, qui mènent à des aversions qui persistent à l’âge adulte !
Parmi les stratégies ludiques, vous pouvez essayer :
- la fameuse cuillère-avion, qui vole avant d’arriver vers la bouche de votre enfant ;
- les assiettes créatives : un bonhomme de purée, une forêt de brocolis, des fruits découpés en jolies formes, etc. ;
- les bâtonnets de légumes à tremper dans une sauce ou du ketchup ;
- les gaufres, pancakes et autres préparations connotées « goûter », réalisées avec des légumes ;
- un « apéritif dinatoire » sur la table basse, ou chacun picore des petits aliments sains (un moment qui sort de l’ordinaire !) ;
- changer d’ustensiles ou proposer un accessoire rigolo : une assiette avec un dessin (à découvrir en mangeant), une fourchette de dinette, un pic apéritif pour piquer les légumes, etc.
Jouez !
Oubliez le fameux « on ne joue pas avec la nourriture » : votre enfant a besoin de manipuler ! N’hésitez pas à jouer à table, ce qui rejoint les stratégies ludiques proposées ci-dessus. Vous pouvez par exemple faire participer son doudou : une bouchée pour doudou, une bouchée pour votre enfant. Ou, vous amuser à croquer dans des pancakes et y voir des petites formes : « Tiens, on dirait la lune ! Oh, si je croque comme ça, tu trouves pas qu’on dirait un dinosaure ? ». Laissez libre court à votre imagination pour lui donner envie de participer. 🤗
Pensez aussi aux jeux non alimentaires, mais qui ont un lien avec la nourriture, en dehors des repas. En effet, les enfants apprennent en jouant ! Encore une histoire de « catalogue », car il n’y a pas juste la mise en bouche. 😉
Idées de jeux autour du repas :
- jouer à la dinette pour faire un gratin de fenouil, une poêlée de champignons, etc.
- lire des livres imagiers des aliments
- jouer à des jeux de société, comme le loto ou memory des légumes
Enfin, il est important de rester patient et de ne pas se décourager si l’enfant ne mange pas tout de suite un nouvel aliment. La plupart des enfants finissent par accepter les nouveaux aliments si on leur donne suffisamment de temps et si on les encourage de manière positive. Armez-vous de patience, et tentez de prendre du plaisir vous-même à table, pour donner envie à votre enfant de vous accompagner !
❗️Les refus alimentaires sont normaux, mais si le problème persiste et que votre enfant ne mange presque rien, ou si sa courbe de poids ne suit plus son couloir : consultez un professionnel de santé, qui pourra vous accompagner !